Ok, je commence sérieusement à stresser. William m'a bien conseillé ne de pas m'en faire, d'y aller et de voir ce que ça donne, mais, je connais trop bien Elio pour savoir que cela ne sera pas simple du tout. J'ai mis des semaines à trouver le cadeau parfait et j'ai l'impression que rien ne sera suffisant. Rien. Mon cœur s'emballe encore à la seule pensée que je ne le retrouve pas. J'ai une vague idée d'où il vit, il m'en a parlé, de nombreuses fois, de son appartement à Rome, celui qu'il aime tant. Mais, il ne m'a jamais donné l'adresse. Peut-être qu'il savait aussi que je partirais ? Et voilà que je reviens. Je n'ai jamais été aussi peu sûr de moi. Je regarde vers la sortie. Je ne peux pas reculer.

Et c'est parti pour l'habituel checking et compagnie. Je suis ravi d'avoir bien emballé la partition vu comme ils balancent les bagages. Bon j'y suis peut-être allé un peu fort. Mais quand même. C'est important. Très important. Une preuve que j'ai fait attention à lui, à ce qu'il a dit. Une preuve que je l'aime pour ce qu'il est et non pour ses fesses. Je me sens tellement con d'être parti comme ça. Tellement con. Je me lance comme ça à sa recherche...alors qu'au final...ça ne sert peut-être à rien. Je laisse échapper un soupir avant de regarder la grande horloge devant moi. Je connais cet aéroport par cœur et je n'ai pas vraiment envie de me balader pour le duty free.

Finalement, je me décide pour un café. Peut-être qu'en observant les gens, j'arriverais un peu à oublier dans quelle mission impossible je me suis lancé ? Dur à dire. L'enseigne du Starbucks s'affiche devant moi et c'est avec un grand macchiato que je m'installe à une table éloignée. J'ai une bonne visibilité à cet endroit. Mon regard parcourt les voyageurs. Il y a les pressés, les habitués et entre les deux, les excités qui voyagent pour la première fois. Je souris devant cette enfant qui s'extasie de la taille de cet aéroport, du nombre de boutiques et surtout qui a grande hâte de découvrir Paris. Rien d'exceptionnel à cette ville je trouve. Mais c'est parce que j'ai voyagé à de nombreux endroits et que j'ai eu la chance de découvrir des trésors hors du commun. Un homme qui s'applique à épeler son prénom au barista attire mon attention. Il veut être absolument sûr de voir son nom bien écrit celui-là ! Je pouffe. Je crois que ça fait partie de leur contrat que de massacrer les prénoms.

« Hé mais c'est pas l'auteur des carnets de voyages ? »
« Ah si je crois bien... »

Oh non pas ça. Je termine rapidement mon café avant de me glisser en bas de mon tabouret, attrapant ma valise et fuyant dans les affreusement longs couloirs de l'aéroport. Tant pis j'aurais un peu d'avance.

Lorsqu'il est dix heures et demi, je me glisse dans la dernière phase de checking avant de tranquillement avancer jusqu'à la salle d'attente pour l'embarquement. Une voix m'interpelle alors, je me tourne dans la direction de cette dernière. Oh tiens. Le perfectionniste du Starbucks. Il a l'air tellement paniqué que je m'en tiens là dans le fil de mes pensées pour lui répondre.

« Oui ! Si vous allez en Suisse c'est le bon endroit. »

Moi je n'ai guère le choix que de faire une escale avant l'Italie. Si près du but... Je souris malgré tout à l'homme qui me regarde avant d'ajouter.

« Ça va aller ? »

Penser à autre chose qu'à ce qui m'attend, ou, ne m'attend pas en Italie, me fera du bien.